87e DIA


17e RTA  18e RTA  87e RAD   287eRALD


La 87e Division d'Infanterie d'Afrique en 1939-1940

 

La 87e DIA est une division de formation (par opposition aux divisions d'actives du temps de paix, les DINA), composée à 80 % de réservistes (troisième catégorie).

Elle est mise sur pied (État-Major à Maison-Carrée près d'Alger) le 2 septembre 1939 à Constantine, Blida, Miliana, Orléansville (17e R.T.A., unité de formation ), Maison-Carrée, Tizi-Ouzou (18e R.T.A., unité de formation ), Sétif, Bougie, Guelma puis concentrée en Tunisie. Elle comprenait à l'origine le 19e Tirailleurs Algériens qui permute avec le 9e Zouaves (Alger, Fort National, unité d'active), de la 85e D.l. en octobre 1939.

La 87e DIA, comme les 17e et 18e R.T.A., n'aura pas le temps de se doter d'un insigne.

Commandant : Général Barbeyrac de Saint-Maurice, puis Colonel Martin (25 mai).
Chef d'état-major, Commandant Roche.
Commandant l'infanterie divisionnaire, Lieutenant-Colonel Roux, puis Antelme (18 juin).
Commandant l'artillerie divisionnaire, Colonel Horeay, puis Lieutenant-Colonel Mathieu (18 juin).
9e Zouaves, Lieutenant-Colonel Tasse.
17e Tirailleurs Algériens, Lieutenant-Colonel Antelme puis Colonel Tasse (18 juin).
18e Tirailleurs Algériens, Lieutenant-Colonel Clerc, puis Commandant Kaack (18 juin).

Au début de novembre, la division est embarquée à Bizerte pour Marseille, regroupée dans la région de Montpellier, Albi, Castelnaudary, puis emmenée vers Arcis-sur-Aube le 27 novembre. Elle y séjourne jusqu'à la fin du mois de février 1940, époque à laquelle elle reçoit l'équipement 1935. Elle est alors appelée à relever la 7e Division Coloniale dans le Secteur Fortifié de la Sarre.

Le 2 mai, elle est relevée par la 82e D.I.A. et la 52e D.l. et transportée dans la région de Pierrefonds. En Réserve du Groupe d'Armées 2 (GA 2) au 10 mai 1940. Affectée à la 7e Armée du Gal Frère, le 18, elle fait mouvement vers l'Ailette et prend des contacts avec l'ennemi au nord de la rivière, à Verneuil-sous-Coucy et à Coucy-le-Château. Le 1er juin, son front est étendu jusqu'à l'Oise.

Bataille de l'Aisne.
Le 5 juin, l'ennemi s'infiltre, s'empare de Saint-Paul-aux-Bois et de Besmé, puis, le lendemain, progresse entre l'Ailette et l'Aisne. Le 7, la Division est forcée de se replier au sud de l'Aisne et combat, le 8, aux lisières nord des forêts de Villers-Cotterêts, de Montigny-Lengrain. Le 9, les combats se livrent à Chelles, à la ferme de Pouy, à Roye-Saint-Nicolas, à Taillefomaine. Le 10, repli sur la Gergogne, combats à Crépy-en-Valois. Le 11, repli sur Bouillancy, et Vincy-Manoeuvre, au nord-est de Paris. Le 12, passage au sud du Grand-Morin. Le 13, recul vers Esbly, Montry et le 14, repli au sud de la Seine : Samois, Veulaines, Avon, Champagne-sur-Seine.

Le 15 juin, l'ennemi est à Melun. Le 16, ce qui reste de la Division se regroupe au carrefour de l'Obélisque, forêt de Fontainebleau, puis se replie, partie à pied, partie en camions, vers les Bordes et Bonnée. Le 17, passage de la Loire à Gien. Le 18, la Division est réorganisée avec l'appoint du 19e Bataillon Autonome de Tirailleurs Sénégalais et le 344e R.I., en deux Groupements Mixtes. Il reste 14 pièces de 75 et 9 pièces de 155. Les troupes sont fatiguées mais leur moral est aussi bon que possible. Le 19, le Cher est franchi à Menneton et Méry. Par les coupures de l'Indre, de la Creuse, de la Vienne, les éléments de la Division se retrouvent, le 24 juin, à Chabanais, Chassanon, Chaillac et Saint-Junien. Les tirailleurs rembarquent à Marseille le 7 août 1940.

La Division reçoit le 2 septembre 1940 une Citation à l'ordre de l'Armée :

         

GUERRE DE 1939-1940

ORDRE N° 210 C

Le Général Commandant en Chef, Ministre, Secrétaire d'Etat à la défense Nationale, cite :

A L'ORDRE DE L'ARMEE

87e Division d'Infanterie Nord-Africaine

" Attaquée sur la position de l'Ailette le 5 juin 1940, la 87e Division, sous l'impulsion de son chef, le Général Henry MARTIN, a opposé à l'ennemi une résistance héroïque. Toutes ses troupes : Infanterie, Cavalerie, Artillerie, rivalisant d'ardeur pour défendre à outrance les points d'appui, même lorsqu'ils étaient dépassés par l'ennemi ou encerclés, ne se sont repliées que sur l'ordre du Commandement, obligées souvent de se frayer un passage les armes à la main.

" Regroupées après la bataille, ces mêmes unités faisant preuve d'une telle discipline et d'un magnifique esprit de devoir ont pu, à nouveau, être engagées dans de durs combats qui ont marqué la défense de l'Aisne, puis la retraite vers la Seine et la Loire.

" Dans toutes ces opérations, la 87e D.I.N.A. a fait preuve d'abnégation, d'endurance, de vaillance, dignes des grandes traditions de l'Armée d'Afrique.

2 Septembre 1940.

Signé : WEYGAND.

         

Sources et liens :

Historama n°10 - Les africains - http://perso.netpratique.fr/michel.martin47/armee_d_afrique/

France, 1940 - http://france1940.free.fr/oob/fr_oob.html

Historique des Tirailleurs Algériens - http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis/

Militaria Magazine - http://www.militariamag.com/

Maison-Carrée - http://perso.wanadoo.fr/maison-carree.maville/


Témoignages

Le soldat Marcel ISMAN

...

La campagne de France

Lors de la Seconde Guerre mondiale, comme tous les hommes de sa génération de sa petite patrie, quelle que fut leur origine, Marcel Isman (1906-1996) devra s'arracher par deux fois à son foyer : en 1939 pour défendre la grande patrie ; en 1942 pour la délivrer. Mais, alors que tant d'entre eux ne revinrent pas ou rentrèrent profondément atteints dans leur chair, il eut le bonheur de rejoindre intact, son épouse et sa petite fille malgré deux campagnes passées au front.

Mobilisé en qualité de sous-lieutenant au 17e R.T.A. qui, avec le 18e, le 9e Zouave et le 87e R.A. constitua la 87e Division d'Infanterie Africaine, il n'oubliera jamais l'excellent moral et la soif de victoire qui régnaient dans cette grande unité. Le moral sera soumis à rude épreuve durant les huit mois de passivité de la « drôle de guerre » passés entre la ligne Maginot et la Sarre dans une région entièrement évacuée au cours du précoce et terrible hiver 1939-1940.

Aubépines et mirabelliers fleurissaient enfin la Lorraine, lorsqu'un beau matin du mois de mai, explosa la bataille. Quittant rapidement son secteur, la 87e D.I.A. fut mise en place entre l'Ailette et l'Aisne pour, au sein de l'armée Requin, barrer à l'ennemi la route de Paris. Promu lieutenant, Marcel Isman assurera, à motocyclette, sans moyen radio ni autre, durant toute la campagne, la liaison entre son régiment et le commandement de l'Infanterie divisionnaire.

Engagée début juin, la bataille du canal de l'Ailette fut d'une violence extrême. Malgré son écrasante supériorité en moyens, l'allemand paya le prix fort face aux Zouaves et aux Tirailleurs. Il ne l'oublia pas. L'armistice signé, un colonel de la Wehrmacht tint à rencontrer sur la ligne de démarcation, le chef du 9e Zouave pour le féliciter.

En pleine bataille de l'Ailette, la 87e D.I.A. avait, il est vrai, été confiée à un nouveau chef qui avait pour nom Henri Martin. Général d'une qualité exceptionnelle, Henri Martin saura diriger une retraite en bon ordre, sans jamais rompre le combat, malgré la masse de civils qui fuit, l'armée métropolitaine qui se défait sous les coups des stukas, maîtres du ciel uniformément bleu de l'été 1940. Les faits d'armes de la division sont multiples. Marcel Ismam évoquera souvent son camarade Aumeran bloquant quarante-huit heures durant, l'ennemi sous le feu de ses mitrailleuses.

La défaite fut enfin consommée. La 87e D.I.A. avait bien mérité de la patrie. Le 9e Zouave et le 17e R.I.A. avaient perdu la moitié de leurs effectifs. Et, le 14 juillet 1940, ce sera une foule reconnaissante et chaleureuse qui applaudira dans Châteauroux les rescapés défilant derrière leur général.

Un dernier souvenir marquera le lieutenant Ismam avant le retour à Alger. Le général Weygand est au milieu d'eux. Son « adieu » est en réalité un « au revoir ». Il ne faut perdre ni confiance, ni courage, surmonter la défaite et, tout comme lui, se préparer à reprendre le combat.

Quelques mois plus tard, ce grand soldat, devenu gouverneur de l'Algérie, entreprendra, à la barbe des commissions ennemies, de reconstituer clandestinement l'armée d'Afrique, de stocker le maximum d'armes, malheureusement légères et anciennes. Rappelé en métropole, puis déporté, Weygand n'aura pas le bonheur de reprendre lui-même le combat.

La campagne de Tunisie

Ce sera la lourde tâche de l'armée d'Afrique en novembre 1942. S'ils débarquent en Algérie et au Maroc, les Alliés négligent la Tunisie. Les Allemands en profitent, arrivent en force, occupent Tunis. Ils s'unissent à Rommel qui, au sud, a replié les rescapés de l'Afrika Korps et s'élancent en direction de l'Algérie. Hâtivement mobilisée, l'armée française d'Afrique est immédiatement jetée dans la bataille. Sa mission : interdire à l'ennemi le territoire algérien, permettre aux Alliés, hors d'état d'intervenir, de rassembler des forces suffisantes.

C'est au sein du 1er R.T.A. que le lieutenant Isman va participer à la campagne de Tunisie, cette campagne maintenant oubliée, frappée de plein fouet sous les rafales de neige et les trombes d'eau, par les coups de boutoir d'un ennemi qui veut, à tout prix, déboucher dans le Constantinois.

Attaques et contre-attaques se succèdent sans interruption. L'armée d'Afrique s'accroche, ne plie pas. La dernière offensive allemande sera la plus terrible. Une masse de chars attaque la division d'Alger. Tébessa est menacée. Rommel n'ira pas plus loin.

Le froid a cédé la place à une chaleur accablante. Américains et Anglais ont rejoint l'armée française d'Afrique. Ils sont maîtres du ciel. Leur armement est moderne. Malgré les terribles champs de mines, le 1er R.T.A. remonte la dorsale tunisienne et fait flotter les trois couleurs sur le Djebel Zaghouan. Les troupes de l'Axe capitulent.

Et, le 20 mai 1943, l'armée de Juin défilera dans Tunis sous un soleil torride, en capote de drap et bandes molletières bien serrées au-dessus des souliers cloutés, portant sur l'épaule le fameux « Lebel 1886 » modifié 93, devant les généraux alliés dont elle a conquis l'admiration au prix de 11000 morts et de 7500 blessés. Sans contestation possible, l'armée française d'Afrique a effacé, lavé, la déroute de 1940 !

Appelé, titulaire de deux campagnes, le lieutenant Isman n'est pas intégré dans le corps expéditionnaire qui se couvrira de gloire en Italie. En sa qualité d'ingénieur, il est transféré dans le service du matériel et chargé de créer une compagnie qui formera chauffeurs et dépanneurs pour l'armée d'Italie. Il saura transformer des centaines d'appelés, ruraux pour la plupart, en techniciens compétents de ce matériel américain qui équipe enfin l'armée française.

C'est avec les galons de capitaine, la Légion d'honneur et la Croix de guerre 1939-1945 qu'il quittera l'uniforme, la paix enfin revenue.

...

Extrait d'un article de Pierre Faquin / Crédit L'Algérianiste N° 96 décembre 2001 - http://www.piedsnoirs-aujourdhui.com/isman.html


CANERI ANTOINE

Né le 1er mai 1911 à Bougie, Antoine-François Caneri était fils d'officier et fut élève du lycée Gouraud de 1922 à 1928 pendant que son père tenait garnison au Maroc. Rentré en Algérie quand son père y fut affecté de nouveau, il termina au lycée Bugeaud ses études secondaires et fut reçu en octobre 1930 au concours d'entrée de l'Ecole supérieure de commerce d'Alger. Il en sortit diplômé en 1933.

Franc et loyal, de caractère enthousiaste et dynamique, Caneri avait été pendant toutes ses études un sportif ardent et fougueux, pratiquant le football et l'athlétisme à l'Olympique Marocain durant son séjour à Rabat, puis équipier du Racing Universitaire Algérois pour les mêmes sports et le baskett. Plus tard lorsqu'après son service militaire il sera jusqu'à la guerre sous-directeur d'une usine importante près d'Alger, la voile deviendra son sport favori ; il participera alors avec son « Star » à de nombreuses compétitions.

Mais survient la guerre et c'est un champ nouveau, à la mesure des exceptionnelles qualités morales d'Antoine Caneri, qui s'ouvre devant lui. Le 28 août 1939, il est mobilisé comme sergent-chef au 29e Zouaves à Fort National. Apprenant que ce régiment ne quittera pas l'Afrique, Antoine Caneri ne peut admettre de rester loin du combat et il obtient d'être affecté au 9e Zouaves qui va partir en France. Il embarque à Bizerte le 5 novembre 1939.

En mars 1940, se trouvant près de Sarreguemines sur la Blies, il est volontaire pour les groupes francs et il reçoit enfin le baptême du feu le 7 mars ; dès lors toujours prêt pour les missions dangereuses, il effectue de nombreuses patrouilles de nuit au cours des 63 jours qu'il passe en première ligne et il est nommé chef de section. Mais l'offensive allemande fait transférer son unité sur le front de la Somme ; le 18 mai il est avec son régiment sur l'Ailette, le 21 et 23 mai, il repousse de violents coups de mains ennemis à Guny. Le 5 juin, à Guny encore, il est blessé deux fois ; mais il refuse d'être évacué et reste au commandement de sa section. Blessé une troisième fois, l'ordre de repli lui parvient : il le transmet à ses hommes mais refuse de se laisser emporter pour ne pas entraver leur marche et il meurt sur le champ de bataille des suites de ses blessures.

Voici le texte de la magnifique citation à l'Ordre de l'Armée qui relate la fin héroïque d'Antoine Caneri :

« Sous-officier ayant fait preuve en toutes circonstances de courage et d'abnégation, galvanisant ses hommes par son sang-froid absolu et son parfait mépris du danger. A repoussé de violents coups de mains ennemis à Guny les 21 et 23 mai 1940. A trouvé une mort glorieuse le 5 juin alors qu'il menait en brave une lutte désespérée au milieu de ses hommes contre un ennemi très supérieur en nombre ».

Inclinons-nous bien bas. Ce sont de tels sacrifices qui, lors de la tragique débandade de juin 1940, ont sauvé l'honneur des armes françaises et forcé le respect de l'ennemi.

Mais pour nous, Français d'Afrique du Nord, ils ont une valeur plus précieuse encore car ces morts héroïques nous ont laissé en confidence le grand secret de la campagne de 1940 : c'est d'Afrique que viendrait le salut ; c'est en terre d'Afrique que l'on retrouverait les dignes émules de ceux qui, blessés à mort restaient sur le sol français pour annoncer la moisson de héros qui allait se lever avec l'année 1943. Morts du Pentano, de la Mainarde et du Belvédère, héros de Pico et de la terre toscane, combattants de Provence et d'Alsace c'est le sacrifice de vos camarades nord-africains comme François Caneri qui, vous a montré la voie. Dans vos victoires vous n'avez jamais oublié ceux de l'année quarante ; et c'est avec eux, tous ensemble, que vous avez défilé le long des palais de la Ville Eternelle, aperçu les tours de Florence sur la ligne de l'horizon toscan, débarqué, avec quelle émotion parmi les paysages lumineux de la côte provençale, libéré l'Alsace et franchi le Rhin pour terminer en terre germanique la première épopée authentique de la jeunesse française d'Afrique du Nord.

Livre d'Or du Lycée Goureaud (Rabat) http://www.lyceefr.org/aaegd/gouraud/livredor/livredor.htm



87e Division d'Infanterie d'Afrique

Combats sur l'Ailette

Tandis que la population toute entière s'enfuit sur les routes de France, d'importants combats se préparent dans l'Aisne.

Dans un premier temps, à la mi-mai, les panzers allemands (Guderian) progressent au nord du Département, non pas en direction de Paris comme en 1914, mais vers l'ouest et la Manche afin d'enfermer les armées alliées au nord. Malgré la contre-attaque de la 4e Division Cuirassée du Colonel de Gaulle le 17 mai vers Montcornet, l'ennemi atteint Marle et St-Quentin le 18. Dimanche 19 mai, Weygand succède à Gamelin à la tête des armées françaises afin d'organiser la contre offensive, les allemands sont à Péronne, Amiens, Abbeville. Les blindés de Guderian atteignent la mer le lendemain et poursuivent les jours suivants en direction de Boulogne, Calais, Dunkerque ; les armées françaises sont définitivement coupées en deux.

Derrière les blindés, le XVIII.ArmeeKorps (12.Armee, Heeresgruppe A), et ses chasseurs de montagne de la 1.Gebirgsjäger-Division (Gebirgsjäger-Regiment 98 et Gebirgsjäger-Regiment 99) arrive sur l'Ailette par Hirson, Marle, Crécy-sur-Serre. En face, barrant la route de Paris, quelques unités en retraite tentent tout d'abord de se regrouper derrière les canaux, puis de nouvelles unités forment un front. Au centre de ce front, entre la Somme et l'Aisne, devant Quierzy, la 7e Armée du Gal Frère revient des Pays-Bas ;
La 29e puis la 23e Division d'Infanterie (en réserve du GQG), alertée le 17 mai, arrive de la région de Chaumont (Haute Marne) et s'installe le 18 derrière le Canal de St-Quentin entre Saint Simon et Tergnier et derrière le canal de l'Ailette entre l'Oise et le Bac d'Arblincourt.
La 87e Division d'Infanterie d'Afrique (en réserve du Groupe d'Armées 2), arrivée de Dieuze (Moselle) dans la région de Pierrefonds le 17, fait mouvement le 18 vers l'Ailette, et s'établie du pont sud du Bac d'Arblincourt au pont de Courson (PC à Pierrefonds).
A sa droite, la 28e DI prend position avant que la 7e DI vienne s'insérer.

Il n'y a plus à ce moment d'unité en ordre devant elles, seule la 3e DLC résiste devant LAON. Leur mission sur l'Ailette : "Tenir sans esprit de recul". Le secteur devant Quierzy passe à la 6e Armée du Gal Touchon.

La 23e DI est originaire du sud de la Loire et composée des 32e RI (Tours, Chatellereault), 107e RI (Angoulême, Limoges), 126e RI (Brive), 41e RA ... Elle débarque à Chauny à partir du 18 mai. Le 126e prend position entre Jussy et l’écluse de Mennessis, le 32e entre Mennessis et Viry-Noureuil en liaison à droite avec le CID 15 (Centre d'Instruction Divisionnaire de la 15e DIM) (27e RI 15e DIM...), plus tard la 29e DI CID 15 et des éléments du dépot 92 bis qui tiennent sommairement les autres têtes de ponts puis 107e RI ?

La 87e DIA est originaire d'Algérie, et composée des 17e et 18e Régiment de Tirailleurs Algériens essentiellement constitués de réservistes et du 9e Zouaves, régiment d'active d'Alger. Elle rejoint l'Ailette le 18 mai ; durant le trajet depuis Attichy, les colonnes des Zouaves sont continuellement survolées et plusieurs fois bombardées par l'aviation ennemie sur les routes encombrées de soldats de la 9e Armée en déroute et de réfugiés. Les autres régiments de la Division et l'artillerie (87e et 287e RA) sont retardés par les bombardements aériens et subissent des pertes en route.

Le "9 Z", dont l'effectif est incomplet (des permissionnaires n'ont pas pu rejoindre l'unité), prend possession des ponts entre Champs et Courson (ce dernier est tenue à partir du 19 mai par le 7e BCA de la 28e Division qui s'installe à droite de la 87e). Le Régiment y construit dès le 19 des barricades anti-char et établit de solides points d'appui, réutilisant parfois des abris de 14-18. La défense des villages et les forêts, obstacles naturels à la progression des chars, est pareillement minutieusement organisée jusqu'à Vézaponin et Epagny.

Les Tirailleurs prennent pareillement position dans la nuit du 18 au 19 ; le 18e à gauche des Zouaves relève le Groupe de Reconnaissance de la Division (GRD 87) et le 17e (moins un bataillon placé en réserve de Division) à droite des Zouaves. L'artillerie s'installe à l'arrière ; les 75 du 87e RA en "appui direct" des 3 régiments d'infanterie, les 155 C du 287e RAL en soutien, plus un groupe de 155 GPF aux lisières de la Forêt de Laigle. Compte tenu de la portée de ces pièces, le dépôt de 155 du Bois des Gravières à Quierzy (3 à 4 km du canal), dont nous reparlerons plus tard, peut correspondre au secteur de la 23e DI (couverture des 10 km de flanc que forme l'Oise jusqu'au canal de St-Quentin, d'autant que dans un premier temps, le front de la 87e s'arrête au Bac d'Arblincourt).

"Qu'ils viennent ... ils seront reçus !". En 14 et en 18, l'armée française s'est rétablie sur la Marne, cette fois ce sera sur l'Ailette. Le ravitaillement, amélioré du vin trouvé sur place, est abondant. Malgré les plaintes des bêtes mourant de faim et de soif se mêlent aux échos des combats qui se rapprochent, le moral est bon.

Le PC de la Division s'installe à Morsain le 20 puis à Vassens le lendemain tandis que le secteur de division s'étend vers l'Oise.

Face à la 87e, les chasseurs de montagne de la 1.Geb.Div. (désormais rattachée au XXXXIV ArmeeKorps, 6.Armee, Heeresgruppe B) arrivent également sur l'Ailette le 19 et sont en défense le long de la rivière avec en avant des positions entre Marizelle et Landricourt (Coucy-le-Ch.).

Premier contact avec l'ennemi le 21 à l'aube, le Groupe de Reconnaissance de la Division (GRD 87) qui passe le canal pour aller faire sauter un dépôt d'essence vers Barisis dans la Forêt de Coucy se heurte à une forte colonne motorisée vers Coucy-le-Château. Tout au long de la journée, l'ennemi tente de franchir les ponts, il est systématiquement repoussé, chars y compris. Malgré les bombardements d'artillerie et le manque de matériel de destruction, nos pionniers commencent à faire sauter les ponts.

Le 22 et les jours suivants, les allemands surpris par cette résistance inattendue limitent leurs tentatives d'infiltration. L'artillerie est en place, ainsi que les communications téléphones et radio. La destruction des ponts se poursuit. Les accrochages et duels d'artillerie sont quotidiens.

Le front s'organise. A la fin mai, la 87e Division repasse à la 7e Armée. Son secteur est étendu à gauche jusqu'à l'Oise exclue (au delà, la 23e DI reprend le secteur de la 29e) et ramené à droite au pont de la Vallée inclus (au delà, c'est la 7e DI rattachée à la 6e Armée). Le secteur de la 87e DIA est divisé en 3 sous-secteurs ;
- Ouest ; 18e RTA (principaux points d'appui ; Bois de Manicamp, Bois de Fêve, Manicamp, St-Paul-aux-Bois, Besmé, Blérancourt),
- Centre ; 9 Z (Bois de la Tinette, Guny, Trosly-Loire, Selens),
- Est ; une partie du 17e RTA (Pont-St-Mard, Point du Jour, Ferme de Bonnemaison, Epagny).

Les 12 ponts ou passerelles du secteur ont été détruits. On se bat à la grenade d'une rive à l'autre. La menace monte, les préparatifs allemands s'accélèrent ; dans la nuit du 3 au 4 le 105.Inf.Rgt. 72.Inf.Div. relève les chasseurs de montagne. Le 4, l'agitation est importante du côté allemand.

Après le rembarquement le 4 juin à Dunkerque du Corps Expéditionnaire Britannique et des armées françaises encerclées au nord, les unités françaises, jetées dans la bataille au gré des événements, défendent désormais seules et sans moyens modernes la liberté du monde. Elles ont pour consigne de résister sur place jusqu'à l'arrivée des armées rescapées du Nord qui débarquent à Cherbourg ...

Franchissement du canal par la 1.Geb.Div.Mercredi 5 juin, 2e acte de la bataille, les allemands (6.Armee, Heeresgruppe B) attaquent en force. Après une intense préparation d'artillerie sur tout le front à l'aube, qui s'étend en profondeur entre Quierzy et Juvigny, ils franchissent le canal à la faveur d'un épais brouillard sur des barques pneumatiques ou à la nage. Les vagues successives sont accueillies à coups de fusils et de grenades, qui coulent les embarcations et font de nombreux morts qui flottent sur canal. Les combats se poursuivent au corps à corps sur les berges.

Claude PAILLAT - Le désastre de 40, tome 5 La plupart des points d'appui, mêmes encerclés, tiennent mais l'ennemi les contourne et progresse entre Pont-St-Mard et Crécy-au-Mont et par le pont de Bichancourt insuffisamment détruit. Devant Guny, le 105.IR allemands décimé par nos armes automatiques doit engager ses réserves.

A la mi-journée, les allemands débordent Manicamp malgré la résistance sur place des unités ; la IIe Compagnie du 18e RTA qui assure la liaison au pont de l'Oise avec  la 23e DI ne se repliera que le 7 avec cette dernière. Mais les infiltrations ennemies sont nombreuses, St-Paul-aux-Bois est investi, Trosly-Loire est menacé. Sans doute l'ennemi cherche-t-il, selon une méthode qui lui chère durant cette campagne, à attaquer par l'arrière, en capturant les états-majors pour désorienter les unités privés de chefs ... Des renforts sont nécessaires. Une section de chars du 56e BCC - 3 FT17 de la Grande Guerre - arrive en début d'après-midi ! Une contre-attaque des Tirailleurs du 17e permet de dégager le PC du 9 Z à Selens.

Au soir, les allemands s'emparent de Besmé ferme par ferme mais les points d'appui sur le canal et dans Trosly-Loire tiennent, les pertes infligées à l'ennemi sont importantes et plus de cent prisonniers ont été faits (principalement des hommes du 124.Gr.Inf.Rgt. de la 72.Inf.Div. (XXXXIV AK, 6. Armee, Heeresgruppe B ).

Le 6 juin, les allemands poursuivent leur action. A l'ouest, ils poussent en direction de Blérancourt. Le 18e RTA contre-attaque de la Rue de Noyon en direction de la Ferme Favette pour dégager la dernière batterie de 75 intacte du 87e RA qui appuie le régiment. Renforcé par la compagnie de réserve du 17e RTA et appuyé par une section de 2 FT (le 3e est en panne) les Tirailleurs repoussent l'ennemi et capturent 16 allemands dont un officier. Au soir, les allemands attaquent très violemment Camelin et le Fresne.

Au centre, l'attaque allemande en direction de Trosly-Loire est pareillement stoppée ; 152 prisonniers dont 2 officiers et un important matériel sont pris. A l'est, une grande partie de l'armement est perdu du fait des violents pilonnages d'artillerie, la liaison est perdue avec le 93e RI, les Tirailleurs se replient vers Epagny et le GRD multiplie les reconnaissances pour rechercher la liaison avec le 93e RI.

Vers 21 h tombe l'ordre de décrocher. On croit tout d'abord à une mystification de la 5e colonne. Mais les importantes incursions ennemies alentours rendent une contre attaque impossible ; le 485.I-R (263.Infanterie-Division, V ArmeeKorps) a passé le Canal de l'Oise à l'Aisne à Bichancourt et longe par surprise le Canal Latéral à l'Oise jusqu'à Noyon, entre la 23e DI tenant la rive droite de l'Oise et Noyon et la 87e DIA tandis que les 463 et 483. Infanterie-Regiment (263.I-D également) franchissent le Canal de St-Quentin devant Vouël.

L'ordre est transmis par les agents de liaison qui parviennent à se glisser jusqu'aux points d'appui encerclés. Malgré la fatigue de deux jours et deux nuits de combats et la faim (il n'y a plus de ravitaillement depuis le 4 juin), le repli s'effectue en ordre à la faveur de la nuit en direction des ponts sur l'Aisne de Rethondes, Berneuil, Attichy et Vic tenus par la 11e DI. Le 7 vers 13 heures la rivière a été franchie par tous les éléments qu'il a été possible de décrocher, les ponts sautent. Les allemands attaquent déjà. La déception est grande de ne trouver là ni défense organisée ni renforts regroupés pendant les 20 jours de combats sur l'Ailette.

Le prix payé par les allemands sur l'Ailette est élevé ; de leur propre aveu pour ces deux jours ; 1.800 morts et 4.500 blessés (outre plus de 200 prisonniers). La seule 1.Geb.Division du XXXXIV ArmeeKorps, qui a traversé le canal plus à l'est ce jour-là perd 500 hommes. Les Zouaves perdent de leur côté 16 officiers et 620 hommes (tués, blessés ou disparus). les pertes des Tirailleurs, égalements lourdes, attestent qu'ici comme ailleurs l'armée française s'est battu courageusement.

Sur l'autre rive de l'Oise, le V ArmeeKorps allemand qui attaque depuis La Fère est tenu un temps en échec devant Noyon par de puissantes contre-attaques françaises mais à l'aube du 7 juin, les 62. et 94.I-D venant du Nord et la 263.I-D du sud-est resserrent l'étau sur Noyon où les combats de rues opposent les fantassins allemands aux fantassins français jusqu'en début d'après-midi. La plupart des unités françaises parviennent à s'échapper. Au soir, la 263.I-D occupe Noyon. La chaleur est étouffante. Les morts sont enterrés à la hâte.

Les combats se poursuivent au sud de l'Aisne. La 87e DIA se bat au nord de la Forêt de Retz ; Ferme de Pouy les 8 et 9 juin, Taillefontaine le 10 ...

Lundi 10 juin, la bataille défensive sur la Somme et l'Aisne est perdue. Le repli général se fait sur Soissons et Oulchy. Les Allemands atteignent Château-Thierry. Le front sur la Marne est défendu héroïquement. Le 11 juin, la rivière est franchie à Brasles et à Chartèves. Les allemands progressent dans toutes les directions.

Le Gouvernement quitte Paris. Le 12, les allemands sont à Évreux, le 14 à Paris et au Mans, le 15 à Tours et sur la Loire. Lundi 17, le Maréchal Pétain annonce à la radio "qu'il faut cesser le combat". Le 18, le Général de Gaulle lance son appel : "rien n'est perdu pour la France". Du 19 au 21, 2 000 Cadets de Saumur (élèves officiers, instructeurs, bataillon de marche des élèves officiers et d'infanterie de St-Maixent) résistent derrière la Loire sur un front de plus de 30 km de Gennes à Montsoreau. Mais un armistice est signé le 22 juin à Rethondes. Il est rapidement violé.

Appel à la Résistance du Général de Gaulle du 22 juin 1940 à la BBC (6' 30'' - 1063 Ko)

A la tête de la 87e DIA, le Gal Martin saura diriger une retraite en bon ordre jusqu'en Charente et en Hte-Vienne (à St-Junien notamment ...), sans jamais rompre le combat, malgré la masse de civils qui fuit, l'armée qui se défait sous les coups des stukas, maîtres du ciel désespérément bleu de juin 1940. La division, qui défile dans Châteauroux le 14 juillet, reçoit les félicitations de Weygand avant de rembarquer à Marseille pour l'Algérie début août ; ses hommes prendront part dès 1942 à la libération de l'Empire puis de la Métropole.

Les allemands n'oublieront pas non plus la défense héroïque du 9e Zouaves sur l'Ailette ; l'armistice signé, ils tiendront à rencontrer son chef sur la ligne de démarcation pour le féliciter !



Source : http://membres.lycos.fr/dvo/quierzy/q4.htm