3e DCR

319eRATTT

La 3e division cuirassée est créée à partir du 20 mars 1940 avec des éléments créés à l'intérieur (Q.G. et services à Chatou), des corps venant des armées (41e B.C.C., 16e B.C.P., 319e R.A.T.T.T.), des corps venant de l'intérieur (42e B.C.C. Vannes, 45e B.C.C Satory, 49e B.C.C., Mehun-sur-Yêvre). Elle se rassemble dans la région de Mourmelon. Lorsqu'elle sera alertée le 11 mai, c'est une unité non soudée, un état-major non rodé, un bataillon de chars amputé d'une compagnie, sans éléments de génie, sans forces aériennes, avec un déficit total en tracteurs de ravitaillement et de dépannage, un déficit de 50 % pour les véhicules de combat de l'infanterie, qui sera envoyée à la bataille.

Elle se compose d'une demi-brigade de chars B 1 bis, une demi-brigade de chars H 39 (un bataillon, le 45e, est formé par la gendarmerie, c'est celui de Satory), un bataillon de chasseurs portés, un régiment d'artillerie portée à 2 groupes de 105 court, une compagnie de transmissions et les services.

Le 13 mai, la division entame son mouvement sur Vouziers. Il s'agit d'une mise en place à titre de précaution ordonnée verbalement par l'Inspection des Chars. II faut se porter aussi vite que possible à l'ouest du Chesne-Populeux, sensiblement à cheval sur la route Sedan - Le-Chesne-Attigny, et dans la zone Le Chesne - Marquigny - Tourteron - Sézanne  -Neuville - Quatre-Champs. Le mouvement est sensiblement ralenti par l'état des routes, la population qui fuit, l'absence d'organes de circulation routière. Le Chesne est en flammes. Le P.C. s'installe le 13 au soir à la ferme Mélimé (1 kilomètre au sud de Montgon, 4 kilomètres au sud-ouest du Chesne. La 3e division cuirassée se trouvera engagée inopinément dans la bataille et sera étroitement associée à la 3e division d'infanterie motorisée (général Bertin-Boussus). Cette division. qui était stationnée entre Vitry-le-François et Saint-Dizier, en réserve générale de Q.G. a reçu l'ordre, le 12 mai, de se porter dans la région Attigny - Voncq pour être mise à la disposition de la lle armée. Elle va se trouve sur le flanc gauche de l'avance ennemie.

Le 14 mai, la division cuirassée doit se porter sans délai au nord des bois de la Cassine et du Mont-Dieu pour contre-attaquer, avec les éléments de la division d'infanterie, en direction de Bulson en vue de pousser vers Donchery, Wadelincourt, et de rejeter l'ennemi au-delà de la Meuse. Ce jour-là, l'Infanterie monte en ligne au milieu d'un flot de fuyards, sous les bombardements aériens et parvient à Stonne. La brèche de Sedan, ne fait que s'ouvrir de plus en plus.

C'est le général Flavigny, commandant le 21e corps d'armée, qui coordonne les mouvements de la 3e division d'infanterie motorisée, de la 3e division cuirassée et de la 5e division légère de cavalerie, cette dernière déjà ébranlée.

Le P. C. de la 3e D. C. R. est aux Petites Armoises, à côté du P.C. de la 3e division motorisée. Les éléments blindés sont en position de départ au sud du bois du Mont-Dieu, entre les Grandes-Armoises et Stonne, Aucun d'ordre d'attaque ne leur parvient. Le général Flavigny a renoncé à contre-attaquer avec la 3e D.C.R. et décidé d'appliquer tous ses moyens à la consolidation de son front qu'il redoute de voir craquer. II prescrit au commandant de la division, le général Brocard, de répartir ses éléments sur tout le front du corps d'armée. Décision malheureuse s'il en fut. Les chars avaient atteint leurs emplacements de départ au milieu de difficultés inouïes. II leur faut faire demi-tour et se porter en soutien d'infanterie pour interdire aux blindés ennemis les itinéraires de pénétration. En somme constituer des bouchons mixtes, chars B et chars H.

On venait de casser la troisième de nos divisions cuirassées.

Pourquoi cet ordre du général Flavigny ? Il a été diversement interprété. On a dit qu'il avait une mauvaise impression lorsqu'il avait eu les comptes rendus du général Brocard lui exposant l'état de sa division, de ses déficiences techniques. Qu'il savait que le souci majeur du haut commandement était d'éviter la prise à revers de la position fortifiée, que si les positions de Stonne et du Mont-Dieu étaient forcées, rien ne pourrait plus interdire l'invasion de la Champagne. On en était là le 14 mai... II savait qu'il y avait, devant lui, trois divisions blindées allemandes, que les troupes chargées d'assurer la défense de la Meuse n'avaient pas tenu, que la panique régnait sur les arrières. Cette contre-attaque, a-t-on dit également, n'aurait pas ralenti la course à la mer de l'ennemi, même si elle avait été couronnée de succès, car cette course était surtout le fait d'autres unités blindées et motorisées qui avaient franchi la Meuse plus au nord, dans la zone de la 1ère armée. La tête de la 6e Panzer atteignait Montcornet le 15, alors que les 1ère, 2e et 10e, engagées contre la IIe armée, étaient encore loin...

Quoi qu'il en soit, le fait est là : les chars de la 3e D.C.R. servirent à constituer des "bouchons", dans la plus belle tradition de 1918. II en résulta une quantité de petits engagements. Un bataillon entier était demeuré en réserve. Le 22, après une remise en état, l'ennemi avait glissé devant le groupement, il restait aux trois autres bataillons 45 chars H 39 et 15 chars B.

A partir du 24 mai, repli sur la ligne du Chesne, Oches, Sommauthe, avec abandon des chars en panne. Le 30, mouvement vers la zone de Grandpré. La division y demeura jusqu'au 7 juin, pansant ses plaies, puis ira participer à la bataille de l'Aisne. Le 9, elle sera en place au sud de la Retourne de Juniville. La 10, on fera les comptes : restent la moitié du bataillon de chasseurs à pied, 30 chars B, 50 chars H 39, 40 chars H 35. Des actions de détail se déroulent les 10 et 11. La soir du 11, repli au sud-ouest de Suippes, combats le 12, repli vers l'Est le 13, puis vers le sud, franchissement de la Marne et des canaux à Vitry-le-François et plus à l'Est. Le 14, après une résistance sur place sur la Marne de Frignicourt à Perthes, repli au sud de l'Aube, Le 15, passage de la Seine à Bar-sur-Seine. Le 16, les unités sont dispersées. Des détachements isolés chercheront à gagner le Sud ou le Sud-Est. Quelques chars seront encore capturés à Montbard et Sainte-Seine-l'Abbaye, peu s'échapperont.

Notons que les débris du 49e B.C.C. sont passés par Bellac et Chabanais, puis qu'ils ont atteint Casteljaloux. Ceux du 42e, par Dijon, Chalons, Feurs, et Aurillac se sont retrouvés à Capdenac. Ceux du 45e, après être passés par Autun, Moulins, Clermont-Ferrand, se sont rééquipés avec le matériel d'une compagnie polonaise de chars à Saint-Chamond et ont combattu à La Fouillouse (Loire) les 22 et 23 juin, puis ils se sont repliés au sud de Saint-Étienne. Du 41e B.C.C. aucun élément cohérent n'est revenu. Du 16e bataillon de chasseurs, quelques isolés seulement. De l'artillerie, à peu prés personne. Le 10e B.C.C. qui avait été rattaché à la division le 8 juin, revenu à son dépôt de Valence, a pu constituer une compagnie de marche de chars B dans la région de Bollène le 20 juin.

Source : http://www.chars-francais.net/archives/unites/1940/3_dcr.htm