Le 156e Régiment d'Infanterie de Forteresse

 

156e RI

BATAILLES DE

BAUTZEN 1813

L'YSER 1914

ARTOIS 1915

VERDUN 1916

FLANDRES 1918

LA MARNE 1918

156e RIF

MEDAILLE MILITAIRE

CROIX DE GUERRE 1914-1918

(quatre palmes)

 

 

 

HISTORIQUE DU 156e REGIMENT:


1939

A la mobilisation d'août 1939, les régiments de forteresse qui occupent les secteurs fortifiés de la ligne Maginot se scindent et forment avec l'arrivée massive de réservistes 2 nouveau régiments de forteresse chacun (un régiment "de mobilisation" est organisé à partir d'un bataillon "de l'armée active").

Le célèbre 146e RIF, "régiment de Faulquemont" (qui conservait les traditions de 2 régiments dissous) donne naissance à 3 régiments de mobilisation.

Unité d'origine:
Nouveau régiment dit "de mobilisation":

1er bataillon (Téting)

146e RIF

146e RIF
146e RIF

2e bataillon (Zimming)

146e RIF

156e RIF
156e RIF

3e bataillon (Ban-Saint-Jean)

146e RIF

160e RIF
160e RIF

Ces trois nouveaux régiments de mobilisation forment l'infanterie du secteur fortifié de Faulquemont.

A chaque RIF est attribué un "sous-secteur" divisant le secteur fortifié: le 156e RIF reçoit le s/s secteur du Steinbesch (de Laudrefang à Zimming).

Le PC du régiment s'installe à HAUTE VIGNEULES (57).

 

En septembre 1939, le 3e bataillon des trois régiments du SFF forment un "régiment de marche" sous les ordres du lieutenant-colonel VOGEL. Ce régiment participe à l'offensive française en Sarre, aux cotés des divisions d'infanterie "classiques". L'attaque dans le bois de la WARNDT (combats de Ludweiller, le 9 septembre 1939) est finalement stoppée suite à la capitulation de l'allié polonais... le "régiment de marche" est dissous peu après (le 20septembre), et les bataillons rejoignent leurs unités d'origine.

Composition du "régiment de marche" provisoire:

 

III/146 RIF

capitaine MATHIEU

 

III/156 RIF

chef de bataillon CHEVRE

 

III/160 RIF

chef de bataillon GROS

 

II/151 RI

chef de bataillon BERTRAND

G.R 37

G.R 45

3e Cie/G.R.M

Elts 201e Génie

 

Encadrement du 156e RIF en 1939-1940:
Compagnie de commandement
capitaine Termignon
1er bataillon / 156e RIF
chef de bataillon Dupas
2e bataillon / 156e RIF
capitaine / puis chef de bataillon Bilbaut
3e bataillon / 156e RIF
chef de bataillon Chèvre puis (à partir d'avril 1940) chef de bataillon Cochinaire
Corps franc
sous-lieutenant Simon
Ouvrage A.34 (Kerfent)
lieutenant/ puis capitaine Broché
Ouvrage A.35 (Bambesch)
lieutenant Pastre
Ouvrage A.36 (Einseling)
lieutenant Vaillant
Ouvrage A.37 (Laudrefang)
capitaine Cattiaux

Pour cette période, le chef de corps était le lieutenant-colonel MILON, commandant le 156e RIF de septembre 1939 à juin 1940.

 

1940

Un "corps franc" est formé avec des hommes de différentes unités stationnées sur le SFF.

Ce corps franc réalise quelques belles actions d'éclat en avant de la ligne Maginot. Les 146e et 156e RIF détachent aussi parfois une compagnie entière sur "les avant-gardes" (les fusiliers-voltigeurs en opérations)...

Création du "corps franc" du SFF (1939-40):
section du 146e RIF

"compagnie franche" du SFF

section du 156e RIF
section du 44e RI
section du 9e BCA

 

 

A partir du 12 mai 1940, les positions du SFF sont bombardées. L'offensive allemande se dessine loin au Nord, dans les Ardennes. Progressivement, des unités françaises se retirent du SFF et au début juin, les avant-postes sont évacués.

Les régiments de forteresse se retrouvent seuls face à l'Allemagne. La ligne Maginot est tournée par le Nord...

 

 

A partir du 14 juin 1940, l'histoire du 156e RIF se scinde en deux parties:

1) Le régiment évacue ses positions vers le sud pour éviter l'encerclement

2) des unités sont maintenues sur la ligne Maginot pour "tenir les ouvrages et couvrir le repli" du régiment.

 

Le 14 juin à 0h30 (alors qu'une forte offensive allemande est lancée en Sarre) sur ordre, les troupes d'intervalle se retirent de la ligne Maginot et se replient vers CHATEAU SALINS, les équipages d'ouvrages restant sur place avec quelques sections de F.V pour "couvrir le repli". Les éléments du 156e et du 146e RIF "de couverture" sont placés sous les ordres du chef de bataillon DENOIX (156e RIF) qui s'est installé au PO de Laudrefang.

 

Eléments du 156e RIF laissés "en couverture" sur la ligne Maginot:
compagnie d'équipage d'ouvrage (CEO) du Kerfent (ouvrage A.34)
capitaine Broché
compagnie d'équipage d'ouvrage (CEO) du Bambesch (ouvrage A.35)
lieutenant Pastre
compagnie d'équipage d'ouvrage (CEO) de l'Einseling (ouvrage A.36)
lieutenant Vaillant
compagnie d'équipage d'ouvrage (CEO) du Laudrefang (ouvrage A.37)
capitaine Cattiaux
2 sections de F.V par bataillon d'intervalle (6 sections)
Ces sections sont constituées pour une part, des équipages des casemates Nord et Sud: des Bambi, de l'Einseling et des Quatre-Vents

casemate d'artillerie du Bambesch (deux-canons de 75mm)

Ces artilleurs du 163e RAP sont placés sous le commandement du SFF lors du repli de leur régiment
casemate d'artillerie du Stocken (deux-canons de 75mm)

 

Peu avant le départ des troupes d'intervalle, le 1er bataillon du 156e RIF (chef de bataillon DUPAS) a reçu <<l'autorisation de réquisitionner>> tous les moyens qui lui permettront un mouvement plus rapide: en 2 heures, 18 chevaux sont rassemblés avec des attelages de fortune, et permettent avec faibles moyens motorisés du bataillon (6 chenillettes Renault UE) de transporter en plus de la dotation normale en munitions: 3300 obus de 25mm, 1500 coups de mortier de 81mm, 1500 grenades, 700 000 cartouches de FM et un million de cartouches de mitrailleuses! (au cours du trajet, l'unité mettra la main sur 14 autres chevaux).

Les lieutenants NICOLAS et SERIGNY (II/156e RIF) sont chargés de rester sur place afin de réaliser les destructions de ce qui ne peu être emporté (vivres, munitions, dépots...). Ils rejoindront la colonne une fois leur besogne terminée.

Les régiments évacuant la ligne Maginot passent sous le commandement de la nouvelle "division de marche", qui regroupe les unités du secteur fortifié de Faulquemont. Cette division sera commandé par le général DE GIRVAL (groupement De Girval).

 

Le GROUPEMENT de GIRVAL (156e et 146e RIF) se replie lentement par l'itinéraire FOULIGNY, HERNY, BAUDRECOURT, DELME. La 6e compagnie se heurte à quelques mitrailleurs allemands, et doit forcer le passage.

Le 16 juin, la section du lieutenant HARTER est en position face au village de VIVIERS (surveillée de près par un avion d'observation allemand) se retrouve face à deux automitrailleuses et un camion "tractant un petit canon antichars": un violent combat s'engage. Bientôt, les mortiers de 81mm du régiment entrent en action, obligeant les Allemands à se retirer. L'avance se poursuit lentement jusqu'à PETTONCOURT et SORNEVILLE, où des mortiers allemands entrent en action (17 juin). Le dispositif du 156e RIF est maintenant très allongé, "l'arrière garde" étant loin en arrière... déjà de nombreux hommes, isolés, sans communications ni ravitaillements, commencent à se rendre. Le 3e bataillon du régiment passe "provisoirement" sous le commandement du 146e RIF, dont le repli s'opère en parallèle à la route du 156e...

Le 18 juin, les premières compagnies (exténuées) passent le canal de la Marne au Rhin à MAIXE, prenant un peu de repos dans LUNEVILLE. Le sous-lieutenant HAMMES, envoyé vers l'arrière par ses supérieurs pour voir où en est le franchissement, remarque que "tout le monde est passé", et le Génie fait sauter le pont. Les hommes se reposent dans la forêt de MONDON, mais la marche reprend vers BACCARAT, en direction de SAINT-DIE. La route est pleine de troupes en retraite et de civils, un régiment d'artillerie se melle aux unités de forteresse, une pagaille indescriptible mène sur la route de Luneville-Baccarat-St Dié!

Le 3e bataillon mène avec le 146e RIF des combats retardateurs sur le canal de la Marne au Rhin pour tenter d'y contenir les Allemands.

Après avoir passé SAINT-CLEMENT, le régiment en retraite oblique brusquement à droite vers VATHIMENIL, où les 1er et 2e bataillons reçoivent l'ordre de s'établir "en défensive" le long de la Meurthe, alors que le III/156e RIF reste à disposition du 146e RIF. Le 19 juin, alors que les positions sur le canal ont été évacuées, d'importants tirs d'artillerie ravagent le secteur de Vathiménil, alors que l'infanterie allemande tente de franchir les ponts sur la Meurthe. Les 6e et 7e compagnies du 156e s'accrochent avec vaillance au terrain, coulent de nombreux canots pneumatiques avec lesquels l'ennemi tentait de franchir le cours d'eau.

Au pied de la colline de VATHIMENIL surgissent soudain 3 "panzer" ennemis contre lesquels l'infanterie ne peut agir efficacement, les canons de 25mmAC étant disséminés le long de la Meurthe... un lieutenant artilleur isolé de son unité mais présent sur place, propose alors les services de sa seule pièce de 75mm, qui "débouche à zéro" et fait feu sur l'ennemi. Bientôt, les panzer sont détruits, mais l'infanterie allemande surgit et se lance elle aussi en avant vers la colline.

"Les officiers donnent alors l'ordre de ne plus tirer, pour laisser approcher l'ennemi à moins de 200 mètres. C'est alors que le tir des FM et des mitrailleuses se déchaîne contre eux"... (pertes allemandes inconues hélas; pertes françaises à Vathiménil: 60 blessés environ, et 18 tués, dont le lieutenant Emile SANDRE)

Le front tenu par le 156e RIF à VATHIMENIL n'a pas cédé, mais de part et d'autres les Allemands on réussi à franchir la Seille et tentent d'encercler ce régiment tenace. Le PC du 156e RIF, prudemment, se replie de quelques kilomètres, mais le temps nécessaire pour rétablir les communications avec les compagnies est trop long (!), la pagaille règne, et des éléments ont déjà commencé à agir suivant les circonstances (des chefs de section ont décidé de se replier, d'autres de tenir sur place, alors que le lieutenant HARTER note "je découvre soudain une longue ligne de soldats français debout et sans armes; à ma question "que faites vous là?" ils me répondent "on attend les Allemands"...

Les meilleurs éléments, repris en main, se dirigent alors vers le village de VALLOIS (au sud) avec les Allemands sur leurs talons. Sur le chemin, ils se regroupent à MOYEN pour essayer de réorganiser le régiment, dont beaucoup d'unités sont portées manquantes. Rapidement encerclés par les Allemands, le 156e RIF se retrouve soudainement isolé dans les village de MOYEN et de VALLOIS. Le colonel MILON et ses officiers, d'ailleurs privés de munitions et de moyens de communications avec leurs supérieurs, décident de se rendre après avoir saboté les dernières armes. Il est 11h ce 20 juin 1940.

La compagnie hors rang du II/156e RIF, qui s'était égarée lors du repli (officiers: lieutenant MOUCHEBOEUF, capitaines FABRE, RENARD...) est-elle même encerclée dans le bois de PADOUX, où elle capitulera en fin de journée. Le lieutenant MOUCHEBOEUF, officier des détails, parvient à brûler le drapeau du 156e RIF dont il avait la responsabilité, à l'aide d'un bidon d'essence (le lieutenant rendra compte de l'incinération du drapeau au colonel MILON lors de la captivité, au Stalag XXXI-B).

Ainsi s'achève la "retraite" malheureuse du 156e RIF...

(Selon les informations, un groupe d'environ 200 hommes du III/156e parviendra à se replier avec le 146e RIF, jusqu'à la reddition de la division de marche du SF de Faulquemont, à Saint Dié des Vosges...)

 

Itinéraire indicatif de repli du 156e RIF, du 14 au 20 juin 1940:
14 juin 1940 - 00h30
Positions du Steinbesch
départ des troupes
05h00
Fouligny
regroupement

Guinglange
longue marche...
Hémilly
Arriance
Herny
Vatimont
15 juin 1940
Baudrecourt

Morville sur Nied
Bacourt
Tincry
16 juin 1940
DELME
combats contre un groupe de mitrailleurs allemands, puis contre une colonne motorisée

Donjeux
longue marche...
Lemoncourt
Jallaucourt
Grémecey
17 juin 1940 - 05h00
Pettoncourt
bombardés par mortiers allemands...

Sornéville
longue marche...
Erbéviller sur Amezule
Rémérévile
Courbesseaux
Drouville
18 juin 1940 - 02h00
Maixe
traversée du canal de la Marne au Rhin
05h00
LUNEVILLE
traversée de la ville

Forêt de Mondon
repos
19 juin 1940
Saint Clément
traversée

Vathiménil
combats importants contre panzers et infanterie
20 juin 1940 - 11h00
MOYEN - VALLOIS
reddition du régiment

 

Certains éléments "de couverture" (équipages des casemates et sections de F.V) se sont aussi repliés sur ordre le 15 juin 1940, laissant seules les compagnies d'ouvrages sur la position pour couvrir le repli des régiments de forteresse, ils seront "interceptés" près du village de CHEMERY, livrant un dernier baroud d'honneur dans le bois de THONVILLE.

Les ouvrages isolés du secteur fortifié de Faulquemont sont rapidement encerclés par l'ennemi (la 167.ID) et leurs officiers décident "de lutter sur place". Les petits ouvrages de l'Einseling et de Téting (ce dernier dépend du 146e RIF mais est maintenant rattaché au dispositif de couverture) résistent vaillament aux attaques allemandes du 20 au 25 juin, soutenus par les mortiers de 81mm de l'ouvrage de Laudrefang, mais les ouvrages du Bambesch et du Kerfent, privés d'appuis d'artillerie, sont obligés de se rendre, leur béton massacré par les canons de 88mm allemands (20 et 21 juin 1940).

L'armistice est annoncé le 25 juin, mais les ouvrages invaincus (Einseling, Laudrefang et Téting) ne se rendront que le 2 juillet 1940, sur ordre de haut commandement français.


Sources : http://www.kerfent.com/regiment156.htm