12e REI

Le 12e R.E.I. est composé d’officiers, de sous officiers, et de légionnaires venus « volontaires » d’Afrique du Nord. Il est aussi constitué d’officiers et de sous officiers d'active et de réserve (majoritaire) de la métropole et d’étrangers résidants en France volontaires ou mobilisés. Beaucoup de républicains espagnols (30 %); de juifs allemands ou Autrichiens (30 %); mais peu de vrais légionnaires.

 


 


 


 

 


 

Selon le témoignage d’un ancien du 12e R.E.I., appartenant au Bataillon FRANQUET, en tant que télémétreur affecté aux engins, raconte ce qui suit :

 

« Le régiment remonte à pied jusqu'à Soissons, croisant des évacués. Notre section prend position à Belleu près de Soissons, le canon de 25, où je suis affecté comme tireur, est placé à 500m de l'Ailette, le mortier en amont est sur la côte 94.

 

Dès le 1er juin, les combats commencent. Le 3 ou 4 juin, l’adjudant FETISEFF m’envoie chercher les ordres près du lieutenant BERTIER, je n’ai pu faire que 100 m en rampant, j’étais trempé par la sueur. Nous ne vivons plus que de rations individuelles.

 

Le 6 juin, les Allemands traversent l'Ailette vers 18 heures, alors que l'ordre de décrocher a été donné à 12h30 ; presque toute la section disparaît. FETISEFF enlève la noix en bronze du canon et nous nous sauvons, nous retournant de temps en temps pour tirer au mousqueton. Un homme nous dit « j’ai mon compte », il tombe, le sang coule de l’oreille, un cuisinier plante son couteau dans le ventre d’un allemand.

 

Du 7 au 10 juin, nous nous replions jusqu'à la Marne, l’adjudant BRENNER, à qui je viens de passer un blessé pour m'occuper d’un autre, tombe la gorge ouverte par un éclat d'obus. Un midi, alors que nous venons de nous reposer, nous sommes attaqués au bord d'un bois, un quart d’heure de combat, j’abats un allemand au mousqueton. Il faut décrocher et courir pendant 3 Km, pour atteindre un camion. Le capitaine CHATENET, à la porte d'un café nous sert à boire et nous indique la route.

 

Le 10 Juin, nous atteignons la Marne, nous cantonnons sur la rive droite.

 

Le 11, nous traversons la Marne, puis les ponts sautent. Nous prenons positions près de la voie ferrée sur une crête, prés de la gare de Nanteuil Sancy.

 

Le lieutenant MAUDUIT a reconstitué une section avec 2 mitrailleuses, je suis agent de liaison.

 

Le 12 juin 1940, il est chargé de défendre un embranchement de routes et un pont à Crouy-sur-Marne.

 

Dès le 12 au matin, le combat commence, il pleut, nous sommes harcelés par les tirs allemands et l'artillerie française qui tire trop court. L’avion « mouchard » vole au dessus de nous. Vers 16h00, les mitrailleuses sont enrayées, le lieutenant m'envoie chercher les ordres près du Capitaine CHATENET, il me faut courir pendant environ 300m sur la voie ferrée. Le capitaine CHATENET, commandant le bataillon depuis le 8 juin, me dit : « tu connais les ordres, tenir jusqu’au bout, sans esprit de recul, tu sais ce que cela veut dire ». Je rapporte les ordres au Lieutenant MAUDUIT qui, sans autre défense, prie pour ses hommes et son pays.

 

Son groupe tient bon, les Allemands ne passent pas. Mais les autres groupes qui le flanquent ont cédé. MAUDUIT est cerné avec ses hommes. Vers l9h00, les Allemands traversent la Marne, les hommes décrochent, je tire encore au mousqueton. Puis nous descendons sur la voie ferrée, un éclat que je crois plus grave m’atteint au mollet, le lieutenant, est blessé à la main, je crois que c'est la droite. Les Allemands nous encerclent, les hommes demandent au Lieutenant de se rendre. Il doit le faire. Il est fait prisonnier à Nanteuil le 12 juin 1940. L'officier allemand auquel il doit rendre ses armes lui rend les honneurs. Durant 3 jours, il s’occupe encore de ses hommes puis du coté de la ville de Villiers Cotteret, il leur dit au revoir. Près de la Marne, on nous fait vider nos poches et débarrasser de nos cartouchières, puis nous avons traversé la Marne sur des canots pneumatiques.

Nous avons dormi dans une grange. Le lendemain matin, j'ai vu à ma droite un homme bien amaigri, la barbe avait poussé, il portait une veste de cheminot, je ne l'ai reconnu qu'à la voix, sa voix forte, il m’a dit, « Mon vieux DELESTRE, j’ai honte, si je n'avais pas été croyant je me serais suicidé ». Vers 12h00 un officier allemand est venu le saluer, il portait encore ses galons sur son casque. On lui a fait un pansement à la main.

 

Le 3ème jour, je crois que c’est du coté de Villers Cotteret, le lieutenant est venu me dire au revoir, Il partait avec d'autres officiers.

 

 

Monté sur l’Aisne pour assurer la défense de Soissons et de ses environs, le 12° REI eut à subir des combats très intenses du 6 au 14 juin 1940, pour tenir ses positions d’abord, puis en reculant pied à pied face aux allemands. Fait prisonnier le 12 juin, le lieutenant Mauduit se retrouve en captivité à l’Oflag V A de Weinsberg (près de Stuttgart), dans le même OFLAG que le médecin lieutenant Guy FRIC, médecin de son bataillon. Ce dernier entrera également dans la résistance en Auvergnes après s’être évadé.

 

Créé le 24 février 1940, le 12e REI fut dissous le 25 juin de la même année après l’armistice.


Source :  http://perso.wanadoo.fr/pierrenoel.duronsoy/histoire.htm